L'album est sorti le 30 mars 1995. Il a été enregistré et mixé en Novembre et Décembre 1994 au studio Méga à Paris, en France. C'est un album tout en français, d'ailleurs, distribué au États-Unis sous le titre de The French Album (l'Album Français).
C'est l'album francophone le plus vendu, six millions et demi d'exemplaires vendus dans le monde, un record absolu pour un album français.
J'ai fait l'album de ma vie. Si j'ai des enfants un jour, je leur présenterai D'eux et je leur dirai "c'est ça que votre mère faisait" - Céline
Pour que tu m'aimes encore
"Pour que tu m'aimes encore, raconte Céline, la première chanson entendue, la première enregistrée, m'a tout de suite fait penser à L'hymne à l'amour que chantait Edith Piaf. Même thème, même structure, même femme dévorée d'amour. C'est un hymne à l'amour fou, possédé, possessif, définitif, comme le mien... Nous savions en l'enregistrant qu'elle ferait désormais partie de ma vie."
Le ballet
"Avec Le Ballet, avoue Céline, c'est la première fois que je chantais du Blues."
Pour Céline, c'est un peu une métaphore de sa rencontre avec son public.
Regarde-moi
Je sais pas
La mémoire d'Abraham
"Je l'avais écrite dix ans plus tôt, dit Goldman. M'étant vite aperçu qu'elle n'était pas pour moi, j'attendais, depuis, le bon interprète."
La chanson évolue sur un tempo lent, toute en finesse et en légèreté, élégance et sensibilité.
Cherche encore
Destin
Les derniers seront les premiers
Céline aime beaucoup cette chanson; on sait que Céline se préoccupe de ceux qui sont dans le besoin, elle leur passe ce message d'espoir.
J'irai où tu iras
J'attendais
Prière païenne
Vole
"Le lendemain de ma dernière à l'Olympia (septembre 1994), raconte Céline, Jean-Jacques Goldman m'a fait parvenir la maquette d'une chanson intitulée Vole... Vole est un peu la suite de Mélanie qu'Eddy Marnay m'avait écrite quelques années plus tôt; une chanson que j'adressais à la petite Karine, décédée le printemps précédent."
"Je pense que chanter cette chanson dans mon répertoire, explique Céline, indique aux gens aussi que, un jour ou l'autre, on perd les gens qu'on aime -nous aussi- on a l'air de s'inventer des personnages à chaque fois qu'on est à la télé, mais dans la vraie vie, et ça nous touche, et ça nous fait mal, alors de la chanter, ça nous aide beaucoup, et on se dit en la chantant : 'peut-être que quelqu'un qui est dans la salle perd quelqu'un en ce moment et ça va peut-être l'aider à passer à travers ces moments difficiles' parce que, moi, ça m'a beaucoup aidée."
Céline Dion rencontre Jean-Jacques Goldman une première fois, en 1994, sur le plateau de télévision des Enfoirés au profit des Restos du Coeur, au grand Rex; ils interprètent en duo la chanson Là-bas. Jean-Jacques lui propose alors ses services d'auteur-compositeur:
"Travailler pour les autres, raconte Jean-Jacques, c'est vraiment par plaisir, je le fait quand c'est des personnalités qui me plaisent; elle, je ne la connaissait pas, donc la seule chose qui m'intéressait beaucoup beaucoup beaucoup, c'est sa voix".
Elle retourne au Canada.
Pour écrire ses textes, Jean-Jacques mène une véritable enquête sur Céline Dion, en se procurant tout ce qui a été écrit sur elle, afin de mieux cerner ce qu'une artiste comme elle peut chanter pour être comprise par le public français.
"Cela faisait quinze ans qu'elle se produisait en France sans succès", révèle Jean-Jacques.
Il se procure chez Sony -tout deux appartenant à cette même maison de disque- une abondante documentation sur Céline, des liasses de coupures de presse.
Il connait tous ses disques, son histoire. Il se forge une très juste idée de la femme qu'elle est devenue, déterminée, ambitieuse, généreuse, "pas victime, pas colombe", une femme forte. Il connait son engagement, rappelé sur chaque pochette d'album, dans l'Association québécoise contre la fibrose kystique. Il travaille vite, écrivant, paroles et musique, neuf chansons en trois mois.
"Elles ne ressemblent pas du tout à ce que j'avais d'abord imaginé, dit-il. Au départ je voulais faire un album très classique, quelque part entre Edith Piaf et Barbra Streisand. Mais en écoutant Céline, je me suis laissé inspiré par sa voix, je suis allé plus vers le blues et la soul ".
Céline et René reviennent le voir. Ils se retrouvent dans un restaurant marocain, près de la place de l'Opéra, quelques jours avant la première à l'Olympia, en septembre 1994. Goldman leur dit qu'il est maintenant pris de doutes affreux. Il s’est peut être trompé, il a peut être mal compris.
Ce n'est qu'au milieu du repas, après avoir parlé de choses et d'autres, qu'il sort de sa poche quelques feuilles de papier pliées, froissées sur lesquelles il a écrit à la main les paroles de ses chansons.
Il les tend à Céline, puis se ravise, il les reprend et leur propose de venir le lendemain dans son studio, où il leur présentera ses chansons.
Chez lui, il est beaucoup plus confiant et détendu. il s'assoie devant un clavier, une guitare sur les genoux. Puis il se met à chanter Pour que tu m'aimes encore :
"J'ai compris tous les mots, j'ai bien compris, merci
Raisonnable et nouveau, c'est ainsi par ici
Que les choses ont changé, que les fleurs ont fané..."
Aux trois quarts de la chanson, René et Céline pleurent tous les deux. Puis Goldman chante J'attendais. Ce soir-là, il leur fait entendre huit chansons. Le lendemain, ils travaillent en studio à déterminer les tonalités dans lesquelles Céline chantera chacune des chansons.
Il travaillent une semaine dans un premier temps. Jean-Jacques et Céline se parlent beaucoup. Il lui donne quelques conseils, celui de "déchanter", de mettre moins de fioritures et d'ornements, et de moins rouler les r, de moins mouiller les m, aller à l'essentiel.
"Elle a compris en 2 temps, 3 mouvements, dit-il, Céline a les qualités de ses défauts. Elle était portée aux fioritures vocales parce qu'elle est créatrice. Trop. Mais elle a gardé une capacité de proposition qui m'a vraiment étonné. Elle est capable de proposer des changements ou des ajouts à une mélodie, de l'animer, de jouer avec un motif, une phrase musicale. C'est une vraie musicienne, une grande artiste".
"Il y a deux qualités chez Céline, d'abord une mémoire extraordinaire, elle a un don et c'est une musicienne. Elle se sert de sa voix comme d'un instrument. Je n'ai jamais travaillé avec des gens d'un tel niveau technique. Pas de problème de justesse, de tempo, elle se chauffe toute seule. Quand on lui donne une ligne mélodique, elle en improvise deux, quatre, toutes crédibles."
Un mois plus tard, le 3 novembre, ils commençent à enregistrer au Studio Méga à Paris. Céline fait deux chansons par soirée d'enregistrement Jean-Jacques n'en revient pas. Il est perturbé, il se demande si tout cela ne se passe pas trop vite.
Mais Céline ne veut pas trop répéter, pour garder la fraîcheur et le feeling. L'enregistrement d'une chanson est un rituel, le passage de l'imaginaire à la réalité.
C'est, comme dit Jean-Jacques, "un peu éprouvant pour celui qui a conçu la chanson ... sauf en de très rares exceptions. Il y a quelques très rares voix qui ont cette grâce et ce pouvoir d'ajouter au rêve. Céline Dion est une de ces voix. Elle a su déchiffrer mes chansons. Elle leur a donné du souffle, de l’âme, une cohérence. C'est ça exactement. Céline a cette faculté de réveiller. Sa voix nous dit simplement "Réveillez-vous"".